• Démocratie à la carte

     

    Démocratie à la carte ou inégalité de la défense des grands principes démocratiques

     

    Le 21 janvier, Ilan Halimi, 23 ans, est enlevé, séquestré et torturé. Il est découvert agonisant près de la gare de Sainte-Geneviève des Bois. Horreur générale face aux actes perpétrés par ces « barbares ». Psychose, lorsque la confession religieuse d'Ilan est soulignée. La Communauté Juive est bouleversée. Une semaine plus tard, la juge d'instruction, Corinne Goetzmann, retient l'hypothèse du crime raciste afin de pouvoir explorer toutes les directions. C'est alors que Nicolas Sarkozy, lors d'une séance à l'Assemblée, lance une de ses phrases choc « Antisémitisme par de l'Amalgame ». L'escalade de la psychose juive prend de l'ampleur alors que l'enquête est en cours, et l'hypothèse devient certitude. Pourtant, lundi 20 février, lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Une attitude nuancée a été préférée. Après plusieurs incidents dont le caractère antisémite s'était avéré infondé, la CRIF a eu le bon sens de demander aux juifs de France d'attendre les conclusions de l'enquête. Sa seule demande auprès de son invité Dominique de Villepin a été de mettre en lumière la vérité de cette atrocité. Préciser que la CRIF n'est pas dans la course aux présidentielles n'est pas superflu pour savoir qui écouter.

     

    Complément d'enquête qu'on préfère ignorer

    Une enquête était déjà ouverte par la Brigade de répression du Banditisme (BRB) concernant les activités de ce groupe dont ils ignoraient encore l'identité. « Les Barbares » signaient leurs menaces et rackets de chefs d'entreprises, de personnalités et de médecins sous le nom de clandestins corses « Armata Corsa ». Le premier facteur de cible des rançonnés est la fortune. Soit, c'est du reste la preuve que le groupe avait bien compris le principe d'une demande de rançon. Sur une vingtaine de victimes, un quart était de religion juive. Le seul dénominateur commun qu'observe la Police Judiciaire est géographique : toutes ces personnes vivaient dans la banlieue sud de Paris, près de Bagneux. Ce complément d'information, dénué d'éléments détonateurs, ne connaît pas aujourd'hui le succès qu'a connu les phrases chocs. Stupéfaction. Quant des citoyens anonymes menacent l'avocat à la défense, ainsi que les familles des suspects, personne ne cri à l'indignation.

     

    Une démocratie qui a bon dos

    L'appel solennel du droit de liberté d'expression sonne encore en écho depuis l'affaire des caricatures de Mahomet. Pilier de la démocratie, Elle a été défendue par l'ensemble des citoyens et de ses politiques, en tant que garant des principes fondamentaux de notre nation. La religion a été remise à sa place. Nos dirigeants ont souligné le caractère impératif que revête la priorité de la laïcité sur la croyance de chacun.

    L'affaire Outreau a donné, elle aussi, sa leçon. Mise en lumière de la nécessité absolue pour une justice respectable : la présomption d'innocence, et la considération des personnes impliquées. A l'heure donc, où les principes démocratiques sont avancés sur la place publique, l'avocat à la Défense de Youssouf Fofana se désiste sous la menace. Les familles des suspects vivent cloîtrés, certaines même sont contraintes de déménager. «Tout cela est la preuve que l'opinion publique n'a toujours pas compris la mission démocratique confiée à l'avocat de la défense», se désole Me Alex Ursulet, l'ancien avocat de Guy Georges. La loi du Talion n'est pas censée être tolérée dans notre société régie par le caractère civilisée qu'elle se targue d'avoir.

     

    Déshumanisation au profit du Communautarisme

    L'individualité a élu domicile en Occident. Fille du principe de liberté individuelle, elle est montrée du doigt. Constat désespérant des générations précédentes, elle a pour amis, les nouveaux moyens de communication, ainsi que notamment la télé-réalité. Parallèlement, la montée en puissance de l'esprit communautaire est surveillée. Les politiques et autres groupes de pression sont visiblement soucieux de sauvegarder l'identité nationale. Un constat se pose aux vues des réactions suscitées par le drame d'Ilan Halimi : Le communautarisme ne cesse d'être ballotté entre la proscription et l'impunité. Seule chose certaine : cette inconstance ne sert ni les communautés, ni le reste de la population, mais la course aux présidentielles et la pêche à l'électorat. C'est en tous les cas l'arrière goût que laisse le décor de cette affaire. La Démocratie semble être à la carte : on choisit, selon ses opinions personnelles, quel principe fondamental mérite d'être défendu corps et âme.

    Cam.


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