• Extrait de on ne badine pas avec l'amour.(encore mais enfin on apprend tellement de chose lorsque l'on lit cette pièce.. )

    PERDICAN - Insensés que nous sommes! nous nous aimons. Quel songe avons-nous fait, Camille? Quelles vaines paroles, quelles misérables folies ont passé comme un vent funeste entre nous deux? Lequel de nous a voulu tromper l'autre? Hélas! cette vie est elle-même un si pénible rêve; pourquoi encore y mêler les nôtres? O mon Dieu, le bonheur est une perle si rare dans cet océan d'ici-bas! Tu nous l'avais donné, pêcheur celeste, tu l'avais tiré pour nous des profondeurs de l'abîme, cet inestimable joyau; et nous, comme des enfants gâtés que nous sommes, nous en avons fait un jouet; le vert sentier qui nous amenait l'un vers l'autre avait une pente si douce, il était entouré de buissons si fleuris, il se perdait dans un si tranquille horizon! Il a bien fallu que la vanité, le bavardage et la colère vinssent jeter leurs rochers informes sur cette route céleste, qui nous aurait conduit à toi dans un baiser! Il a bien fallu que nous nous fissions mal, car nous sommes des hommes. O insencés! nous nous aimons.

    il l'a prend dans ses bras.

    CAMILLE - Oui, nous nous aimons, Perdican; laisse-moi le sentir sur ton coeur; ce Dieu qui nous regarde ne s'en offensera pas; il veut bien que je t'aime; il y a quinze ans qu'il le sait.

    remarques de camomille : ce style romantique peut en faire rire plus d'un, il peut aussi être l'occasion pour les plus mâlins de ne pas passer outre le discours qu'il faut toujours garder dans son contexte (époque blablabla) mais pour les plus lucides, courageux, curieux, vous n'avez pu faire autrement en lisant ces lignes que de voir à quel point ce sujet traverse le temps, ainsi malheureusement que les fautes commises à notre détriment à tous. Le constat peut être triste ou bien il peut s'avérer source de courage pour justement ne pas finir comme Camille et Perdican. Ainsi, Musset n'aura pas écrit ce chef d'oeuvre pour rien. Alors.. pour l'amour de Musset...


    4 commentaires
  • "Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels; toutes les femmes sont perfides, arrtificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit: J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice crée par mon orgueil et mon ennui."

    A méditer.

    Musset est mon allié.

    On badine pas avec l'amour. Acte II scène V.


    7 commentaires
  • Extrait du même livre de Kundera

    " Goethe : Est-on vivant quand vive s'autres hommes?

    Dans la question de Goethe se dissimule tout le mystère de la condition d'écrivain : l'Homme, du fait qu'il écrit des livres, se changent en univers (ne parle-t-on pas de l'univers de Balzac, de celui de Tchekhov?) et le propre d'un univers c'est justement d'être unique. L'existence d'un autre univers le menace dans son essence même.

    (...)

    Celui qui écrit des livres est tout (un univers unique pour lui-même et pour tout les autres) ou rien. Et parce qu'il ne sera jamais donné à personne d'être tout, nous tous qui écrivons des livres, nous ne sommes rien. Nous sommes méconnus, jaloux, aigris, et nous sommes tous égaux : Banaka, moi et Goethe (et moi.. bouuuhhouuuu)

    (...)

    Car chacun souffre à l'idée de disparaître, non entendu et non aperçu, dans un univers indifférent, et de ce fait il veut (l'écrivain), pendant qu'il es encore temps, se changer lui-même en son propre univers de mots.


    1 commentaire
  • extrait de Le livre du rire et de l'oubli de Kundera

    "La domination du monde, comme on le sait, anges et démons se la partagent. Pourtant le bien du monde n'implique pas que les anges aient l'avantage sur les démons (comme je le croyais quand j'étais enfant), mais que les pouvoirs des uns et des autres soient à peu près en équilibre. S'il y a dans le monde trop de sens incontestable (le pouvoir des anges), l'homme succombe sous son poids. Si le monde perd tout son sens(le règne des démons), on ne peut pas vivre non plus.

    (...)

    Les choses soudain privées de leur sens supposé, provoque chez nous le rire. (ex: un marxiste formé à Moscou croit aux horoscopes)

    (...)

    Quand l'ange a entendu pour la première fois le rire du Mâlin, il en a été frappé de stupeur. CA se passait pendant un festin, la salle pleine de monde et les gens ont été gagné l'un après l'autre par le rire du diable, qui est horriblement contagieux. L'ange comprenait clairement que ce rire était dirigé contre Dieu et contre la dignité de son oeuvre. Il savait qu'il devait réagir vite, d'une manière ou d'une autre (...) ne pouvant rien inventer lui-même, il a singé son adversaire (...) mais en lui donnant un sens opposé: Tandis que le rire du diable désignait l'absurdité des choses, l'ange voulait au contraire se réjouir que tout fût ici-bas bien ordonné, sagement conçu, bon et plein de sens.

    Ainsi, l'ange et le diable se faisaient face et, se montrant leur bouche ouverte, émettaient à peu près les mêmes sons, mais chacun exprimaiet par sa clameur des choses absolument contraires. Et le diable regardait rire l'ange, et il riait d'autant plus, d'autant mieux et d'autant plus franchement que l'ange qui riait était infiniment comique.

    Un rire ridicule, c'est la débâcle. Pourtant, les anges ont quand même obtenu un résultat. Ils nous ont trompés avec une imposture sémantique. Pour désigner leur imitation du rire et du rire originel (celui du diable) il n'y a qu'un seul mot. Aujourd'hui on ne se rend même plus compte que la même manifestation extérieur recouvre deux attitudes intérieures absolument opposées. Il y a deux rires et nous n'avons pas de mot pour les désigner (les distinguer)


    1 commentaire
  • Ce que j'aime bien dans les livres, c'est que parfois, ils reformulent beaucoup mieux ce que vous avez dû constater un jour.. ils vous font passer du stade de la constatation inconsciente (le plus souvent) à la pleine compréhension... je sais pas pourquoi mais sur le coup ça soulage...
    "... Le lyrisme est une tentative de faire face à la situation fondamentale de l'immaturité (on parle de Jaromil le héro qui est un poête qui apprend la vie comme tout le monde mais façon poête) : l'homme expulsébde l'enclos protecteur de l'enfance désire entrer dans le monde, mais en même temps, parce qu'il en a peur, il façonne à partir de ses propres vers un monde artificiel et de remplacement. Il fait tourner ses poêmes autout de lui comme les planètes autour du soleil; il devient le centre dun' petit univers où rien n'est étranger, où il se sent chez soi comme l'enfant à l'intèrieur de la mère, car ici tout est façonné dans la seule substance de son âme. Ici, il peut ensuite accomplir tout ce qui est si difficile dehors; ici il peut, comme l'étudiant Wolker, marcher avec la foule des prolétaires puor faire la révolution, et, comme le puceau Rimbaud, fouetter ses petites amoureuses, parce que cette foule et ces amoureuses ne sont pas façonnées dans la substance hostile d'un monde étranger mais dans la substance de ses propres rêves, ils sont donc lui-même et ne rompent pas l'unité de l'univers qu'il s'est lui-même construit.
    (...)  tant qu'il n'est pas adulte, l'homme aspire, pendant longtemps encore, à l'unité et à la sécurité de cet univers qu'il emplissait à lui seul tout entier à l'intèrieur de sa mère, et il éprouve de l'angoisse (ou de la colère) face au monde adulte de la relativité où il est englouti comme une gouttelette dans un océan d'altérité. C'est pourquoi les jeunes gens sont dse monistes passionnés, dse messagers de l'absolu; c'est pourquoi le jeune révolutionnaire revendique un monde radicalement nouveau forgée d'une seule idée; c'est pourquoi ils n'admettent pas le compromis, ni en amour ni en politique; l'étudiant révolté clame à travers l'histoire son tout ou rien; et Victor Hugo, à l'âge de vingt ans, se met en fureur en voyant Adèle foucher, sa fiancée relever sa jupe sur un trottoir boueux, découvrant sa cheville. Il me semble que la pudeur est plus précieux qu'une robe, lui reproche-t-il ensuite dans une lettre sévère, et il menace: Prends garde à ce que je te dis ici, si tu ne veux m'exposer à donner un soufflet au premier insolent qui osera se tourner vers toi!
    Le monde des adultes, en entendant cette menace pathétique éclate de rire. Le poète est blessé par la trahison de la cheville de l'amante et par le rire de la foule, et le drame de la poésie et du monde commence..."
    Et pour ce que j'ai compris de tout ça... je dirai que... JE SUIS BIEN UNE POETESSE !!! ça ne fait plus aucun doute !!!

    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique